Un captif amoureux est le dernier livre de Jean Genet. Publié en 1986, il marque son retour à l'écriture au terme d'un silence littéraire de près de vingt-cinq ans.
Ecrit dans l'ombre de la maladie et de la mort, dédié aux dernières révolutions du siècle, cet ouvrage n'est pas seulement le plus allègre et le plus apaisé des livres de Genet, il est aussi celui où la longue quête de sa vie se résume.
Avec une ironie constante et une irréductible indépendance de pensée et d'esprit, Un captif amoureux retrace ses séjours dans les camps palestiniens de Jordanie et du Liban entre 1970 et 1984.
S'il retrouve avec les "feddayin" en guerre le goût de vivre et d'écrire qu'il avait perdu, sans doute parce que, exclu parmi les exclus, il découvre auprès d'eux un pays d'adoption, une terre d'asile précaire, un espace paradoxal de sérénité et de paix au cœur de la guerre.
Au centre du récit, passe comme une ombre la figure de la mère qui a manqué à sa vie et qu'à la veille de sa mort, l'écrivain réinvente sous les traits d'une vieille palestinienne.
D'après Albert Dichy
"Autant, plutôt par jeu que conviction, j'avais répondu à l'invitation de passer quelques jours avec les Palestiniens, j'y resterai près de deux ans, et, chaque nuit, allongé, presque mort, attendant que la gélule de Nembutal m'endormit, je gardais les yeux ouverts, l'esprit clair, pas étonné, pas effrayé, mais certainement amusé d'être ici où, d'un côté comme de l'autre du fleuve, des hommes et des femmes étaient aux aguets, depuis longtemps, alors pourquoi pas moi?
Mais de cette tête blanche, blanche par sa peau, ses cheveux, sa barbe non rasée, blanche, rose et ronde toujours présente au milieu d'eux que voulaient-ils faire ? Un témoin ? Mon corps ne comptait pas: il portait seulement ma tête ronde et blanche".
Jean Genet, Un captif amoureux
Gallimard – 1986
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