Zebda, le groupe engagé au premier plan des luttes sociales et politiques et dont les membres sont devenus depuis des années les ambassadeurs d'une Toulouse festive et militante, ont donné ce samedi 11 octobre à Ramonville, dans la banlieue de la ville, un dernier concert avant de mettre le groupe entre parenthèses après 18 ans de vie commune.
Pour autant, aucun des sept membres du groupe ne parle de séparation mais tous répètent, à l'instar du parolier et chanteur Magyd Cherfi, qu'il y a "un besoin de faire une pause pour porter une parole plus individualisée, pour mener à bien des projets personnels qui nous tiennent à coeur". Le parolier et chanteur de Zebda avait déjà évoqué la possible séparation du groupe un an auparavant.
Hakim Amokrane, également chanteur, est catégorique. "Si on avait envie d'arrêter Zebda pour de bon, on le dirait clairement, là c'est plutôt une pause", confiait-il.
Après quatre albums, plus de 1.000 concerts et le succès populaire de la chanson "Tomber la chemise" en 1998, qui lui a valu deux Victoires de la musique, le groupe a donc besoin de souffler.
Il faut dire que les sept "minots" du nord de Toulouse qui ont créé Zebda (beurre en arabe) en 1985 ont fait un sacré chemin ensemble.
"On sait d'où on vient, c'est pas Star Academy, nous on n'a pas passé un mois dans un château mais quinze ans dans un camion", lâche en rigolant Hakim.
"Zebda a été comme un laboratoire de l'utopie démocratique où on a vécu et tout décidé à sept pendant toutes ces années", explique Magid, en soulignant que si "le collectif est une école de l'humilité, il y a une certaine usure due à cette mécanique du compromis systématique".
Pour réaliser leurs projets personnels respectifs, les Zebda ne vont toutefois pas partir chacun dans leur coin. Magyd travaille notamment à un album avec Joël Saurin et Pascal Cabero, respectivement bassiste et guitariste de Zebda. Hakim et son frère Mouss composent ensemble avec Rémi Sanchez, aux claviers du groupe depuis 1991.
Mais les désirs d'ouverture et de partage avec d'autres musiciens sont aussi très présents: chanson avec Manu Chao pour Mouss et Hakim, travail avec Mathieu Chédid ou l'accordéoniste Jean-Luc Amestoy pour Magyd par exemple.
Zebda mis en sommeil, ses membres ne conçoivent toutefois pas un retrait de la scène militante qu'ils occupent depuis leurs débuts, que ce soit à travers des projets socio-culturels ou en s'engageant en faveur des sans-papiers, de la lutte contre le racisme, de la défense des quartiers défavorisés, ou encore concernant l'agression américaine contre l'Iraq et de la cause palestinienne pour laquelle ils ont exprimé leur solidarité dans "Il y a un Pays... Palestine".
Lors des élections municipales de 2001, plusieurs d'entre eux ont soutenu la liste alternative où Magyd figurait symboliquement à la dernière place.
"L'engagement politique est naturel chez nous, donc nous resterons militants à travers l'association Tactikollectif ou avec les Motivé-e-s", confie Hakim, dont le frère Salah Amokrane est conseiller municipal à Toulouse. "Je suis français mais on ne me voit pas comme tel dans la rue, ajoute-t-il, donc il faut continuer à se battre".
12/10/2003
Voir egalement:
"Il y a un Pays... Palestine" Artistes Solidaires
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